La tradition de sellerie française va à la selle non adaptable (ou tout du moins, pas autant qu’un saddle-fitter aime, et pas facilement): Arçon traditionnel en bois & et panneaux mousse.
Concernant le choix de l’arçon bois, on trouve du très très bon comme du très mauvais avec ce matériel, en terme de qualité de transmission d’information cavalier/cheval comme de qualité intrinsèque en terme de sécurité/durabilité, donc ce paramètre sera très variable selon les marques. Autre point: ces arçons ne sont pas modifiables au niveau de l’arcade, ou très peu (et pas de façon récurrente)
Concernant les panneaux mousse, pareil: on trouve des mousses plutôt souples et donc agréables pour le cheval en terme de sensations – mais attention à leur vieillissement! – ou des mousses trop dures, qui rigidifient les muscles attenants. Dans tous les cas, ce type de panneau est modifiable uniquement par un sellier – découdre le panneau, extraire la mousse de l’enveloppe de cuir, retailler la mousse ou la remplacer, refabriquer une enveloppe en cuir, recoudre le panneau).
Au contraire, TOUS les Saddle-fitters, quelle que soit leur base de formation, vont plébisciter la selle modifiable. Pourquoi?
Parce que TOUS les chevaux changent. Continuellement. Au moindre changement d’alimentation, de lieu de vie, de moral, de santé. Au moindre changement de maréchal-ferrant(e) ou podologue qui les suit. De l’ostéopathe consulté(e). Du praticien shiatsu. De l’enseignant(e). De cavalier(e).
Quand on se pose la question d’équiper un couple, on devrait donc, et ce quel que soit le niveau du couple, se poser la question de la pérennité de l’équipement: tant que la morphologie du cavalier et son niveau permettent de garder la même selle, pourquoi changer? Et si on veut pouvoir garder une selle adaptée sans la changer… il faut qu’elle soit adaptable (merci l’évidence) et si possible, pour un cout moindre!
Trop peu de cavaliers sont sensibilisés à l’immense impact de la selle sur le corps du cheval. Les mesures au capteur de pression que j’ai pu effectué ont achevé de me convaincre: Quasiment TOUS les professionnels du monde du cheval sous-estiment l’impact d’une selle non-adaptée (le fameux « cette selle va a tous les chevaux »). Personne ne se rend compte qu’une selle ne serait-ce qu’une taille d’arcade trop large, et avec des pointes d’arcade trop courte, dégrade de façon énorme une locomotion (et cause forcément un inconfort au cheval). Personne ne parle du fait qu’un cavalier ne devrait pas se battre contre sa selle qui n’est pas équilibrée (« y’a qu’a faire de la mise en selle », mais a quoi sert de combattre la gravité?? ce n’est pas cela l’équitation!).
C’est lors d’une simple séance de fitting que les gens ressentent ce qu’une simple cale peut changer, sur la locomotion ou même sur leur posture! Et quand on goute à la vraie neutralité et le vrai bon équilibrage, on ne reviendrait pour rien au monde sur cette sensation.
A titre d’exemple, Wintec/Bates propose 7 tailles d’arcades (hors gamme « Wide »), Thorowgood/Fairfax en propose 7 (Gamme R-bar), Stubben/Prestige/Erreplus en offrent 9 ( à la commande: une fois la selle fabriquée, les arçons sont modifiables de +2 ou -2 tailles).
Quand aux panneaux modifiables (laine, CAIR, ou autres systèmes type Flow), leur intérêt n’est pas que pour le cheval: il est aussi pour le porte-feuille du client. En effet, lorsque la selle peut-être réglée sur place par ajout/suppression de laine, on parle d’une modification à des tarifs bien moindre que celle d’un panneau mousse.
Sans même parler de bien-entre animal (qui est un sujet primordial), dans une époque où l’on parle de plus en plus de consommation responsable, de cycle de vie pérenne des objets et où le marché de l’occasion se développe, l’achat d’une selle adaptable est un choix économique, écologique et stratégique.